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Les auteurs
Pr Abdou Salam FALL
Pr Rokhaya CISSE
Dr Soufianou MOUSSA
Ndéye Sokhna CISSE


Mots-Clés

Cette étude fait partie d’une série de trois études exploratoires (baseline) réalisées dans le cadre du projet « Amélioration des droits et de la santé sexuels et reproductifs des adolescent·e·s et des jeunes au Sénégal » (SANSAS). Elle porte sur les professionnel·le·s de santé intervenant dans la santé de la reproduction (SR) des adolescent·e·s et des jeunes (A&J) au sein des départements d’intervention du projet, à savoir Mbour dans la région de Thiès ; Bounkiling, Goudomp et Sédhiou dans la région de Sédhiou au Sénégal. L’étude analyse, entre autres, le profil des professionnel·le·s de santé, la qualité de l’offre de services, les interactions avec les adolescent·e·s et enfin les barrières liées à la fréquentation des services de santé de la reproduction. Sur le plan méthodologique, l’approche a privilégié une articulation qualitative et quantitative.

Pour le volet quantitatif, l’étude a enquêté l’ensemble des professionnel·le·s de santé en charge de la SR rencontré·e·s dans les localités de collecte de données dans les quatre départements sélectionnés en distinguant, le cas échéant, ceux des communes ciblées par le projet et ceux qui sont dans d’autres communes retenues comme témoins. Trois principales catégories ont été interrogées : les Médecins Chef·fe·s de District (MCD), les Chef·fe·s de Structure de Santé (CSS) et les agents assurant la prise en charge directe de la SR dans les structures de santé ou dans la communauté. Ainsi, sept MCD (un par district) et 54 CSS (44 à Mbour, 5 à Bounkiling, 1 à Goudomp et 4 à Sédhiou) ont été enquêtés. De même, 91 professionnel·le·s en charge directement de prestations SR ont été interviewé·e·s dont 82,4% dans les communes cibles. Les agents en charge directe de la SR enquêtés relèvent des corps diversifiés (techniciens supérieurs, infirmiers, assistantes sociales, etc.) avec une prépondérance de sages-femmes (80,7% dans les communes cibles et 63,6% dans les zones témoins).

Pour le volet qualitatif, l’étude a porté sur les parcours individuels, les expériences acquises, les barrières d’accès aux services, les perceptions des professionnel·le·s de santé et des acteurs sur la santé de la reproduction des adolescent·e·s et des jeunes. Ainsi, des entretiens approfondis ont été réalisés auprès de 43 professionnels de santé, 32 acteurs communautaires et 5 responsables de club EVF.

Les données collectées montrent que près d'un cinquième des ACDSR des communes cibles (18,7%) estiment que les A&J ont un faible niveau de connaissance de l'existence même des services santé reproductive (SR) locaux.

Cette situation appelle à des actions concrètes de sensibilisation des A&J sur la présence de cette offre de service et à impliquer les acteurs de santé (AS) locaux dans cette mobilisation.

Selon les AS, l'école ne constitue une source d'information sur la SR que pour 27,6% d'A&J. En fait, la principale source citée par les AS est formée par les "Bajenu gox" (médiatrices de quartiers bénévoles). Il convient de ce fait de renforcer le rôle de l'école sur la SR, d'une part ; et, d’autre part, de mieux former les "Bajenu gox" afin qu'elles délivrent des messages clairs et adaptés.

Plus de la moitié des ACDSR des communes cibles estiment que les prestations SR de leur service sont plus adaptées aux filles (50,7%). On trouve une situation plus diversifiée dans les communes cibles même si dans ces localités pour la majorité des ACDSR (50,0%) les prestations conviennent aux deux sexes. Cela démontre le besoin de renforcer l'inclusivité des prestations SR dans les communes cibles pour mieux intégrer les besoins des garçons.

Une proportion non négligeable de Services SR accueille des parts importantes d'A&J résidants dans des zones qui ne relèvent pas de leur couverture géographique (14,0%). Cela suppose un besoin d'analyser finement le découpage de la zone de couverture des services SR, d'une part ; et, d’autre part, d'analyser les raisons profondes de cette "migration" d'AJ vers d'autres services SR que de leurs localités de résidence. Si cela découle d'une meilleure perception des services SR d'accueil, les services d'origine méritent de renforcer leurs capacités. Il peut s'agir également de facteurs d'appels (centres urbains, localité ayant un marché et/ou ayant une école, etc.).

Près de sept ACDSR sur dix cibles (68,0%) estiment que les A&J qui fréquentent leur service SR ont un sentiment de "gêne" et près de quatre sur dix (38,7%) ressentent chez les A&J de la "méfiance". Tout un travail de sensibilisation auprès des A&J sur le rôle des services SR est nécessaire, tout comme la formation des ACDSR sur l'accueil des A&J devient indispensable.

Plus d'un A&J sur dix (12,9%) des localités cibles éprouve des difficultés à payer les frais des prestations qui lui sont offertes dans les services SR. Il convient dès lors de répertorier les prestations payantes et d’identifier clairement celles qui sont les moins financièrement accessibles aux A&J pour apporter et/ou renforcer leur subvention.

Près du quart (23,5%) des ACDSR estiment que la fréquentation de leurs services SR restera stable dans le temps. Face à la croissance démographique et le besoin de plus en plus manifeste de l'accès au service SR, cette stabilité est inattendue.

Les actions de renforcement des capacités des services SR et d'amélioration des perceptions de ces services auprès des A&J et de leurs familles permettront de retourner la situation.

Les guides religieux sont, selon les ACDSR, les acteurs communautaires les moins satisfaits des services SR (8,1%). Même si ce niveau d'insatisfaction des responsables religieux estimé par les ACDSR est relativement faible, il ressort que la sensibilisation et l'intégration de cette couche sociale très écoutée dans la question SR demeure importante. Il faut noter aussi qu'une part non négligeable des ACDSR (14,6%) estime que les chefs coutumiers et traditionnels sont "peu satisfaits" des services SR. Une bonne majorité de ACDSR (66,7%) soutient développer des solutions innovantes pour renforcer la fréquentation des A&J des structures SR. Ces initiatives sont à supporter et à généraliser après leur identification. Mais, une grande partie des ACDSR soutiennent que leurs structures font face à des insuffisances dans la gestion de l'offre de service (53,3%) et même des barrières dans l'accès à l'offre (45,3%). Cette reconnaissance des limites des services SR par les ACDSR eux-mêmes constitue une prédisposition à l'acceptation des solutions pour pallier les difficultés rencontrées et améliorer la qualité des services.

Les données qualitatives mettent en évidence un contraste entre les réponses positives des professionnel·le·s sur le niveau d’adéquation élevé entre l’offre et les besoins et les rapports quelques fois difficiles avec les adolescent·e·s. Il ressort également des entretiens que les filles et les garçons ne venaient pas pour les mêmes besoins. Les garçons viennent pour recevoir des préservatifs et les filles pour des services plus diversifiés (contraception, menstrues, échographie, etc.)

Globalement, le niveau de fréquentation des services SR est jugé faible. Devant certains discours moralisateurs ou violents de la part des professionnel·le·s, les adolescent·e·s ont tendance à se détourner des services de soins SR et à trouver des solutions alternatives. Du côté des femmes, la faiblesse du statut socio-économique et le pouvoir décisionnel des hommes au sein du couple ne militent pas toujours en faveur de leur fréquentation des services SR et accès à la contraception. Les adolescent·e·s et jeunes ont tendance à se rendre directement au niveau des officines afin de bénéficier de conseils ou pour se procurer des médicaments.

L’accueil d’une diversité de patients sans distinction d’âge dans le même espace est évoqué par certains professionnel·le·s comme une barrière d’accès aux services SR pour les plus jeunes. L’environnement physique quelques fois dégradé des structures de santé influence également sur les interactions entre les professionnels et les adolescent·e·s. et accroît l’écart entre les attentes des utilisateurs et les services rendus.

Certains services SR tels que l’échographie ne sont pas accessibles du fait du coût élevé de la prestation. Le coût de la prise en charge reste élevé à tel point qu’il empêche de nombreuses personnes de pouvoir bénéficier des soins nécessaires.

Des méthodes innovantes ont été notées chez certains prestataires. Elles se manifestent par l’écoute, l’entrain des jeunes à se confier et à prolonger la relation au-delà du cadre formel. De même, pour ces autres professionnel·le·s, les relations privilégiées avec les adolescent·e·s et jeunes consistent en une anticipation des besoins.

En définitive, une demande de dialogue, de confidentialité et d’adaptabilité des services de prise en charge est à considérer dans les priorités d’action.

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