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| Dërëm ak ngërëm : le franc, la grâce et la reconnaissance les ressorts de l'économie sociale et solidaire (101.6 Ko) | 101.6 Ko |
Le regain d’intérêt que suscite l’économie sociale solidaire est inséparable de l’urgence de changer de paradigme dans le processus de création de la richesse, en particulier dans les sociétés du Nord. Le décalage entre richesse et bien-être suffit à marquer le malaise. Ainsi, de plus en plus d’auteurs [de Jouvenel, 1968 ; Méda, 2000 ; Viveret, 2002] en appellent à des changements radicaux dans la représentation de la richesse au Nord. S’en prenant aux instruments de mesure de la richesse, ils montrent leur caractère artificiel et leur subordination à une vision individualiste et mécaniste. Bertrand de Jouvenel écrivait déjà en 1968 : « L’anatomie de la richesse n’est pas une physiologie du bien-être » [Méda, 2000, p. 303].
Selon Dominique Méda [2000, p. 65], la dimension subjective qui fonde le bonheur reste ignorée par la comptabilité nationale qui a une « incapacité congénitale à construire un indicateur de bien-être national ». Pour elle, la comptabilité nationale est « construite sur des postulats individualistes dont elle n’a pas su se départir en deux siècles » [Méda, 2000, p. 66]. Cette critique est reprise et amplifiée par Patrick Viveret [2002] dans un rapport récent intitulé « Reconsidérer la richesse », où il démontre que les indicateurs que sont le produit intérieur brut (PIB) et le taux de croissance retenus par la comptabilité nationale comptent comme richesses des activités liées à la destruction et à la réparation des dégâts. Il écrit : « La fameuse croissance du produit intérieur brut qui sert de boussole à la plupart de nos responsables a en effet ceci de remarquable qu’elle se moque de la nature des activités qu’elle additionne pourvu que celles-ci génèrent des flux monétaires ».